Dans les années 1940, la pellicule est très inflammable. La sécurité exige que les locaux de projection n’aient aucun contact avec la salle.
La cabine est donc construite en béton avec une porte et des volets métalliques devant les fenêtres de projection. Le projectionniste devait les abaisser dès les premiers indices de départ de feu.
Le cinéma Le FOYER a eu la désagréable surprise de voir un appareil en feu lors de la projection du film « LA BANDERA ». Joseph BRUN réalisa un véritable exploit ce jour là, en éteignant le feu qui s’est déclenché à ses pieds sans arrêter la projection du film. Ce souvenir le marqua fortement.
Les moyens de transport étaient en ce temps-là très aléatoires. Il fallait faire plusieurs fois le voyage à bicyclette avec une remorque jusqu’aux gares de Voiron et St Béron pour aller chercher ou expédier des films.
A l’époque, Saint Laurent du Pont possédait deux salles de cinéma : le REX, cinéma laïc (actuellement la salle des Arts) et le FOYER, cinéma catholique. Pendant un certain temps, les actualités projetées en première partie avant le film étaient diffusées soit au REX soit au FOYER. A la fin de celles-ci, il ne fallait absolument pas perdre de temps pour assurer la projection dans les délais à la suivante, et le plus court chemin était la traversée du champ où se trouve actuellement M. BRICOLAGE (sans se prendre dans les barbelés).
La morale à l’époque était d’une grande sévérité. Pendant plusieurs années, les opérateurs devaient se soumettre à une séance de pré-visionnement en présence du curé, le père CHAIZE, de Jean PAYERNE et parfois de H. POULET. Les moindres images choquantes ou osées (ex : un baiser trop appuyé) étaient systématiquement supprimées de la pellicule, pour être recollées après la dernière séance afin de rendre la bobine dans l’état d’origine.
Les séances ont également été assurées pendant la guerre. Durant l’Occupation, le billet d’entrée servait de laisser-passer. L’histoire ne nous dit pas comment procédait l’opérateur.
Le Comité d’Organisation de l’Industrie Cinématographique de Lyon, doit attribuer une carte d’identité professionnelle à tous les opérateurs du cinéma, peut-être en raison des risques d’incendies liés aux pellicules inflammables. Les opérateurs devaient se soumettre à certaines exigences. Les archives démontrent que la question « juive » est, en cette période de guerre, belle et bien présente, même en milieu rural.